Qu’est-ce donc l’écosocialisme ?
“...Il s’agit d’un courant de pensée et d’action écologique qui fait siens les acquis fondamentaux du marxisme - tout en le débarrassant de ses scories productivistes . Pour les écosocialistes la logique du marché et du profit - de même que celle de l’autoritarisme bureaucratique de feu le " socialisme réel " - sont incompatibles avec les exigences de sauvegarde de l’environnement naturel. Tout en critiquant l’idéologie des courants dominants du mouvement ouvrier, ils savent que les travailleurs et leurs organisations sont une force essentielle pour toute transformation radicale du système, et pour l’établissement d’une nouvelle société, socialiste et écologique.
L’éco-socialisme s’est développé surtout au cours des trente dernières années, grâce aux travaux de penseurs de la taille de Manuel Sacristan, Raymond Williams, Rudolf Bahro (dans ses prémiers écrits) et André Gorz (ibidem), ainsi que des précieuses contributions de James O’Connor, Barry Commoner, John Bellamy Foster, Joel Kovel (USA), Juan Martinez Allier, Francisco Fernandez Buey, Jorge Riechman (Espagne), Jean-Paul Déléage, Jean-Marie Harribey (France), Elmar Altvater, Frieder Otto Wolf (Allemagne), et beaucoup d’autres, qui s’expriment dans un réseau de révues telles que Capitalism, Nature and Socialism, Ecologia Politica, etc.
Ce courant est loin d’être politiquement homogène, mais la plupart de ses représentants partage certains thèmes communs. En rupture avec l’idéologie productiviste du progrès - dans sa forme capitaliste et/ou bureaucratique - et opposé à l’expansion à l’infini d’un mode de production et de consommation destructeur de la nature, il représente une tentative originale d’articuler les idées fondamentales du socialisme marxiste avec les acquis de la critique écologique.
James O’Connor définit comme écosocialistes les théories et les mouvements qui aspirent à subordonner la valeur d’échange à la valeur d’usage, en organisant la production en fonction des besoins sociaux et des exigences de la protection de l’environnement. Leur but, un socialisme écologique, serait une société écologiquement rationnelle fondée sur le contrôle démocratique, l’égalité sociale, et la prédominance de la valeur d’usage. [5] J’ajouterais que cette société suppose la propriété collective des moyens de production, une planification démocratique qui permette à la société de définir les buts de la production et les investissements, et une nouvelle structure technologique des forces productives...”